Aménagement paysager (projet Klopp) réalisé par Paysage Luxembourgeois avec superposition de fontaines en acier corten. Le métier de paysagiste est complet, il faut savoir travailler avec les différents espaces et savoir adapter son mobilier.

Le métier de paysagiste au Luxembourg : entretien avec Thibault Giangrandi, directeur de Paysage Luxembourgeois

Parmi ses 602 000 habitants, le Luxembourg compte près de 250 entreprises de paysage. Le métier de paysagiste diffère-t-il au-delà des frontières nationales ? Quelles sont les inspirations, les méthodes de travail et les demandes au Luxembourg ? Voyons cela sous l’angle de Paysage Luxembourgeois.

De l’idée d’un jardin à l’aménagement paysager

Le métier de paysagiste est complet. Il faut d’abord être innovant et créatif pour élaborer des conceptions paysagères. Mais il faut aussi être collaboratif et à l’écoute avec un bon relationnel afin d’accorder ses idées d’aménagements avec celles du client. Le paysagiste doit ensuite savoir s’adapter aux différents types d’espaces verts avec les contraintes ou avantages qu’ils présentent. Ainsi, le mobilier et la matière entrent souvent en jeu avant même l’élaboration d’un croquis. Puis, le paysagiste devient dessinateur ou designer pour coucher sur papier ses projets de jardins. Enfin, le professionnel du paysage devient le responsable d’aménagements d’espaces verts et enfin jardinier pour végétaliser, fleurir l’espace et bien sur l’entretenir.

Où trouvez-vous l’inspiration pour vos paysages ? Avez-vous un type de jardin préféré ?

Je me base surtout sur l’attente des clients, l’inspiration vient une fois que la relation avec le client est instaurée. Je sais m’adapter à leurs besoins, leur style, leur type de terrain, nous concevons alors son projet d’espace vert ensemble. Au Luxembourg, je suis habitué à travailler dans de petits espaces donc j’utilise le style approprié aux contraintes que cela représente comme l’accès, les dimensions, les essences végétales correspondantes à cet espace. Pour cela, j’utilise énormément de bacs de jardin et il faut donc que je choisisse les plantes adaptées. Pour moi, un jardin réussi est un jardin qui répond aux besoins du client, un jardin qui satisfait son propriétaire, avec un ensemble végétal et minéral cohérent.

A quel moment la matière entre-t-elle en compte dans la création du jardin ?

Pour moi, vraiment dès le premier instant. Le Luxembourg est un pays sidérurgique, je dois donc forcément m’appuyer sur le métal pour mes projets. A Belval, par exemple, nous sommes obligés d’utiliser l’acier corten dans nos conceptions paysagères, c’est un choix d’héritage pour la ville. Le choix de matière dépend également des contraintes techniques du client. Par conséquent, si on me demande de réduire le poids pour un aménagement de terrasse d’immeuble, je vais choisir l’aluminium qui est un matériau léger.

Aménagement paysager (projet Klopp) réalisé par Paysage Luxembourgeois avec superposition de fontaines en acier corten Le métier de paysagiste est complet, il faut savoir travailler avec les différents espaces et savoir adapter son mobilier.

Créez-vous votre aménagement paysager en fonction du mobilier qui vous inspire ou bien choisissez-vous votre matériel après avoir réalisé votre croquis ?

Je pense en premier lieu aux matériaux et le végétal vient seulement dans un second temps. Dans le projet d’aménagement Klopp (ci-dessous en photo) mon client voulait mettre en place une fontaine, je suis donc parti de ce mobilier, auquel j’ai défini mon matériau de base et ensuite j’ai eu l’idée des multi-bacs sur plusieurs niveaux.

Lorsque vous achetez du mobilier pour agrémenter un jardin, retravaillez-vous l’objet ?

J’aime m’adapter à toutes les contraintes de mon client, je dessine donc souvent les éléments. Je m’inspire des produits standards et demande du sur mesure. J’envoie alors mes plans au fabricant pour lui préciser exactement ce que je souhaite. Puis, un bureau d’étude technique les étudie pour qu’ils conviennent à mon projet. Par exemple, quand je suis confronté à un terrain en dénivelé, cela représente des contraintes techniques et il faut forcément retravailler le mobilier.

Le métier de paysagiste : une organisation professionnelle passionnée pour des clients luxembourgeois passionnants

Au Luxembourg comme ailleurs, c’est la saison où les paysagistes butinent dans tous les espaces verts. Malgré la crise du coronavirus, cette course verte a repris de plus belle avec des demandes évoluées de la part des clients luxembourgeois. Mais qui sont-ils ? Sur le lieu de travail ou chez soi, disposer d’un coin de nature où se retrouver est un élément clé du bien-être luxembourgeois, là où les aménagements paysagers les plus grandioses sont les bienvenus !

Aménagement paysager de bacs et treillis en acier thermolaqué par Paysage Luxembourgeois.
Le Luxembourg est multiculturel et donc ouvert à tout type d’aménagement paysager, sans contrainte de budget ou de style, le métier de paysagiste est donc différent.

Comment fonctionne votre entreprise luxembourgeoise ? Est-ce différent qu’en France ?

Je ne pense pas. Je fais les plans et j’élabore les idées d’aménagement seul. Ensuite, mon équipe sur le terrain varie. En ce moment nous sommes 25 car cette saison est propice aux paysagistes. Le panel d’activités de mon entreprise est très large, l’aménagement paysager avec du mobilier représente seulement une petite partie. Le plus gros de notre travail concerne l’entretien et la maintenance du jardin mais aussi d’autres créations comme la maçonnerie, la menuiserie, la pose de clôtures… Nous travaillons sans partenaires, seulement avec des fournisseurs, une centrale d’achat aux Pays Bas et l’autre en Allemagne. Enfin, nos clients sont des particuliers comme des professionnels. Ces derniers sont soit des entreprises, des bureaux mais aussi des hôtels de luxe ou même des ambassades comme l’ambassade américaine au Luxembourg.

Quel est le budget espace vert de vos clients au Luxembourg ?

Cela est délicat car la fourchette est très grande, cela peut aller de 10 à 200 000 €. Nous pouvons partir sur un budget de de 2 000€ qui finalement grimpe à 20 000€. Cela varie selon les propositions faites en amont de l’aménagement et du relationnel entre le client et son paysagiste. Les luxembourgeois fonctionnent aussi beaucoup au coup de cœur, comme lorsque l’on achète une maison, mais cette fois juste pour le jardin. Pour les professionnels, le budget reste plus stable mais les Luxembourgeois sont ouverts aux différentes propositions où le budget varie.

Pensez-vous qu’il y a des différences entre les paysages français et luxembourgeois ?

Bien sûr, selon moi, absolument tout est différent. Malgré sa petite taille, le Luxembourg voit les choses en grand côté paysage. Cela s’explique d’abord par la différence du budget puis la petite taille des espaces verts. Ils peuvent donc s’offrir des aménagements grandioses. La mentalité n’est pas la même lors des rendez-vous au Luxembourg ou les entretiens transfrontaliers. Le Luxembourg est multiculturel et donc ouvert à tout type d’aménagement, sans contrainte de budget ou de style. 

Avez-vous vu des évolutions ces derniers temps ?

Mes dernières demandes concernent énormément les piscines. Cela peut s’expliquer par l’été qui arrive certes mais aussi à cause et grâce au confinement suite au COVID19 car les gens se rendent compte qu’ils veulent disposer d’un endroit privé qui procure du bien-être pour se retrouver chez eux, en famille ou entre amis. Les Luxembourgeois ont la plupart du temps un budget important pour partir en vacances. Ce budget n’étant pas utilisé cette année avec les restrictions du Covid, ils en profitent alors pour l’investir dans leurs espaces verts personnels.

Nous remercions Thibault Giangrandi, directeur de Paysage Luxembourgeois, de s’être confié à nous sur son métier de paysagiste au quotidien.